Me dejo estar sobre la tierra porque soy el gozante.
El que bajo las nubes se queda silencioso.
Pienso: si alguno me tocara las manos
se iría enloquecido de eternidad,
húmedo de astros lilas, relucientes.
Estoy solo de espaldas transformándome.
En este mismo instante un saurio me envejece y soy leña
y miro por los ojos de las alas de las mariposas
un ocaso vinoso y transparente.
(Manuel J. Castilla)
Je me laisse aller sur la terre parce que je suis celui qui se réjouit
Celui qui, sous les nuages, reste silencieux.
Je pense : si quelqu’un me touchait les mains,
il s’en irait fou d’éternité,
humide d’astres lilas, étincelants.
Je suis seul, de dos, et je me transforme.
En ce même instant un saurien me rend vieux et je suis bois
et je regarde par les yeux des ailes des papillons
un crépuscule enivrant et transparent.
(Manuel J. Castilla)
Con ojos de una hormiga
la más chica sensación
vuelve crecida en olas
desnuda al corazón
Avec les yeux d'une fourmi
même la plus petite des sensations
devient d’immenses vagues
mettant le coeur à nu
Para qué quiero mis ojos
mis ojos para qué sirven
mis ojos si se enamoran
y se apasionan viditay
de imposibles
(J.C. Franco)
Par une nuit sereine
j’ai demandé à une étoile si elle voulait m’embrasser
Impossible m’ t-elle répondu en me regardant
Vient à passer un nuage à qui je demande
s’il peut m’emmener là haut avec lui
Impossible me dit-il en s’éloignant
Et quand je demande l’amour à cette brune belle
comme l’étoile et le nuage
Impossible me répond-elle encore
A quoi à bon alors avoir des yeux
si ce dont on tombe amoureux s’avère toujours une passion
Impossible
(J.C. Franco)
La ruta pasa
pies abajo
El tiempo
se adelanta,
se vuelve,
se aquieta
Con los ojos bien abiertos.
Sabor de un instante
cualquiera sea
en la mañana
La route défile
sous les pieds
Le temps
prend de l’avance
revient,
s’apaise
Avec les yeux bien ouverts.
Saveur d’un instant
quel qu’il soit
au petit matin
Agua, semilla, sembrar, partir
viento, desierto, volar en mi
Hojas que caen, soñar, surgir
Ave risueña, no siempre hay fin
Eau, graine, semer, partir
vent, désert, voler en moi
Feuilles qui tombent, songer, surgir
Oiseau rieur, il n'y a pas toujours de fin
Nada se cruza en el vacío,
y todo el Sol en puntas de pie
se dispone a pegar su alarido
Las voces se entretejen
y juntas de la mano,
comienzan su viaje
Lo inútil , lo sutil , lo irremovible
se juntan,
y en el vacío no son nada
On ne croise rien dans le néant,
et le Soleil entier sur la pointe des pieds
se prépare à pousser son hurlement
Les voix s’entremêlent
et main dans la main
commencent leur voyage
L’inutile, le subtil, l’inébranlable
se joignent,
et dans le néant ils ne sont rien
¡Con que placer se deslizaban las líneas!
Con que arte se dibujaban más y más montañas
Abriendo puertas,
(una tras otra)
descubríamos mundos.
A veces le pedía permiso a mi cuerpo para adelantármele unos pasos.
Con cuan grandísima felicidad de cachorros abrazábamos a cada instante,
y ellos bastante indiferentes
de vez en cuando,
nos saludaban el paso.
Avec quel plaisir glissaient les lignes à l'horizon!
Avec quel art se dessinaient toujours de nouvelles montagnes.
En ouvrant des portes,
(l’une après l’autre)
nous découvrions de nouveaux mondes.
Parfois je demandais à mon corps la permission de le devancer de quelque pas.
Avec l'immense joie de jeunes chiots, nous embrassions chaque instant,
et eux, plutôt indifférents
de temps en temps
nous saluaient en chemin.
En noche de soledad
la luna pintando va
mi canto que nada es
si ella deja de alumbrar
Perfume de alguna flor
alegra su corazón
y cuida de todo mal
dejando un suave rumor
ahí van mis coplas ahí
te llega este cantar
no olvides que yo también
he comprendido el azar
Dans une nuit de solitude
la lune colore
mon chant qui n’est rien
si elle cesse d’éclairer
Le parfum d’une fleur
réjouit son coeur
et prend soin de tous maux
laissant une douce rumeur
Là vont mes vers
ce chant arrive à toi
n’oublie pas que moi aussi
j’ai compris le hasard
Nace el siglo y voy hacia allá
corriendo el monte, fugaz
surcando el atardecer,
un sueño así.
Hondo veo lo que sentí
fragancias vuelven aquí
surcando el atardecer
un sueño en tus ojos.
Le siècle naît et je vais là bas
courant les montagnes, fugace
sillonnant le soir,
tel un rêve.
Au plus profond, je vois ce que j’ai senti
les parfums reviennent ici
sillonnant le soir
un rêve dans tes yeux.
¡Porque hemos abandonado el imperio de la nube, con sus puentes y sus naves!
Parce que nous avons abandonné l’empire des nuages, avec ses passerelles et ses navires !
Una música de Argentina